• Ce que la ville a à nous dire

    Des sous !

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    Le poème en entier :

     

    Cet Amour 

    Cet amour 
    Si violent 
    Si fragile 
    Si tendre 
    Si désespéré 
    Cet amour 
    Beau comme le jour 
    Et mauvais comme le temps 
    Quand le temps est mauvais 
    Cet amour si vrai 
    Cet amour si beau 
    Si heureux 
    Si joyeux 
    Et si dérisoire 
    Tremblant de peur comme un enfant dans le noir 
    Et si sûr de lui 
    Comme un homme tranquille au milieu de la nuit 
    Cet amour qui faisait peur aux autres 
    Qui les faisait parler 
    Qui les faisait blémir 
    Cet amour guetté 
    Parce que nous le guettions 
    Traqué blessé piétiné achevé nié oublié 
    Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié 
    Cet amour tout entier 
    Si vivant encore 
    Et tout ensoleillé 
    C'est le tien 
    C'est le mien 
    Celui qui a été 
    Cette chose toujours nouvelles 
    Et qui n'a pas changé 
    Aussi vraie qu'une plante 
    Aussi tremblante qu'un oiseau 
    Aussi chaude aussi vivante que l'été 
    Nous pouvons tous les deux 
    Aller et revenir 
    Nous pouvons oublier 
    Et puis nous rendormir 
    Nous réveiller souffrir vieillir 
    Nous endormir encore 
    Rêver à la mort 
    Nous éveiller sourire et rire 
    Et rajeunir 
    Notre amour reste là 
    Têtu comme une bourrique 
    Vivant comme le désir 
    Cruel comme la mémoire 
    Bête comme les regrets 
    Tendre comme le souvenir 
    Froid comme le marbre 
    Beau comme le jour 
    Fragile comme un enfant 
    Il nous regarde en souriant 
    Et il nous parle sans rien dire 
    Et moi j'écoute en tremblant 
    Et je crie 
    Je crie pour toi 
    Je crie pour moi 
    Je te supplie 
    Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment 
    Et qui se sont aimés 
    Oui je lui crie 
    Pour toi pour moi et pour tous les autres 
    Que je ne connais pas 
    Reste là 
    Là où tu es 
    Là où tu étais autrefois 
    Reste là 
    Ne bouge pas 
    Ne t'en va pas 
    Nous qui sommes aimés 
    Nous t'avons oublié 
    Toi ne nous oublie pas 
    Nous n'avions que toi sur la terre 
    Ne nous laisse pas devenir froids 
    Beaucoup plus loin toujours 
    Et n'importe où 
    Donne-nous signe de vie 
    Beaucoup plus tard au coin d'un bois 
    Dans la forêt de la mémoire 
    Surgis soudain 
    Tends-nous la main 
    Et sauve-nous.

     

    (Prévert)


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  • Commentaires

    1
    Mardi 22 Juin 2010 à 16:27
    Wow! c'est génial les chuchohteurs. Si seulement on pouvait en avoir à Montréal!
    C'est quoi, ils quêtent d'une manière différente?
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    2
    Dimdilidim Profil de Dimdilidim
    Mardi 22 Juin 2010 à 18:29
    Ah nan, ils ne demandent pas d'argent, c'est juste un acte gratuit, un poème murmuré à l'oreille, comme ça...
    Je n'ai pas su si c'était une troupe de théâtre, une asso de défense de la poésie ou de réinsertion de type à la voix sexy, il m'a juste remercié de l'avoir écouté vu qu'il se faisait jeter par tout le monde, et je ne les ais plus revus par la suite.... Dommage !
    3
    Lundi 5 Juillet 2010 à 12:31
    Mlle Pigut
    Je découvre ton blog et je me fais plaisir chère demoiselle! Quel talent, je n'en doutais pas mais j'en ai la preuve!
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